Travail hybride : vers un bouleversement du mode de travail en entreprise ?

Travail hybride : vers un bouleversement du mode de travail en entreprise ? - Dstny France

Travail hybride : vers un bouleversement du mode de travail en entreprise ?

Travailler sur site à 100 % n’est pas la solution idéale pour être efficace et productif en entreprise. Cette habitude, pourtant cautionnée autant par les dirigeants que par les salariés, ne constitue pas un fait nouveau. Mais comme dans toute histoire il y a un événement déclencheur, la crise sanitaire fait son entrée en scène. Comme pour rafraîchir les mémoires et rappeler aux uns et aux autres qu’il est peut-être temps d’adopter (en plus du modèle de travail classique), un nouveau modèle incluant le télétravail (ou travail à distance, travail en distanciel…). On parle alors de travail hybride, qui tend à devenir la tendance dans le monde professionnel. Découvrez la puissance de ce nouveau mode de travail, ses enjeux, son mode de fonctionnement et l’aspect sécuritaire qu’il implique pour l’entreprise.

Travail sur site : une mauvaise expérience pour les salariés ?

Les salariés voient au travail en présentiel (de par son aspect routinier), un élément contraignant à plus d’un égard. Venir tous les jours s’assoir derrière son ordinateur (dans son bureau), s’adonner au rituel quotidien, parcourir des tas de documents physiques ou électroniques…, voilà de quoi lasser et décourager le plus motivé des salariés.

En se pliant ainsi au choix de la méthode et du lieu de travail imposés par l’employeur, le salarié pense être de plus en plus privé sa liberté. D’ailleurs, selon une étude Adecco (2020), 71 % des salariés français sondés ont émis le vœu de voir leur liberté accrue – à travers certainement une nouvelle organisation de travail.

Modèle hybride : un nouveau mode de travail efficace et insoupçonné ?

Le vécu quotidien des salariés n’est pas que lassant pour ces derniers. Il a des conséquences lourdes notamment sur leur mental (stress), leur efficacité et leur productivité au travail, la gestion de leur temps. Toutefois, ces conséquences semblaient faire partie intégrante du fonctionnement des entités entrepreneuriales… Le home Office est loin d’être soupçonné et incriminé comme l’une des causes du manque des résultats attendus des salariés.

Mais avec l’avènement du COVID-19 (Coronavirus Disease 2019), et le confinement qui s’est ensuivi, les salariés se voient obligés de travailler en alternance : sur site et depuis chez eux. Cette hybridation de l’organisation du travail, imposée par la crise, était d’abord vue par les entrepreneurs comme une menace à la productivité de leurs entités. Mais son expérience a montré que c’est la tendance gagnante autant pour les eux que pour leurs salariés.

L’hybridation du travail : qu’est-ce que c’est ?

Hybrider le travail consiste à l’exercer suivant deux versions différentes mais complémentaires. En d’autres termes, il s’agit d’un travail mix conjuguant le présentiel (travail derrière l’ordinateur au bureau), et le distanciel (travail depuis un endroit distant via le digital). Variant d’un jour à 2-3 jours de travail à distance par jour, le travail mix se veut désormais être deux parts égales de 50 % de présence sur site et de 50 % de présence virtuelle.

Version hybride du travail : un modèle organisationnel en vogue ?

D’abord dédaigné par les principaux acteurs concernés (les employeurs et les salariés), le travail version hybride s’est vite défait de ses préjugés. Il a cessé en effet d’être vu comme un modèle de travail contreproductif pour devenir un levier de propulsion des entités entrepreneuriales et des salariés. Les chiffres avancés par l’étude susmentionnée sont assez parlants à ce sujet :

  • Le télétravail a été une expérience positive pour 53 % des salariés français durant le confinement ;
  • Il a permis à 37 % de Français de développer des compétences numériques et a donné envie à 62 % de continuer le développement de ces compétences ;
  • 73 % des salariés français plébiscitent le travail mix (sur site et à distance), comme le meilleur mode organisationnel de travail ;
  • 63 % de ces salariés attendent de leurs managers un accroissement de l’intelligence émotionnelle ainsi qu’une « auto-réinvention » de la part de ces derniers…

Bref, diviser le temps de travail en deux parts égales (50/50), fait l’unanimité aussi bien en France que dans le reste du monde. Et pour cause : 77 % des dirigeants sondés (représentant huit pays repartis le monde et ayant fait l’objet de l’étude), se disent prêts à adopter cette nouvelle forme d’organisation. En conséquence, il est fort à parier que celle-ci est le modèle de travail du présent et du futur.

Du reste, il serait difficile d’en être autrement quand on sait qu’en France, 86 % des salariés s’estiment être plus productifs en télétravaillant, selon une enquête de l’OBERGO (2018). Cet intérêt accordé au travail à distance a été confirmé en 2020 par un sondage mené par Airtasker : les télétravailleurs apporteraient à leurs employeurs un temps de travail supplémentaire de 1,4 jour par semaine.

Travail en mode hybride : comment ça marche ?

Le mode hybride engage de consacrer (idéalement) la moitié de son temps au travail à distance. Ainsi, contrairement au travailleur sur site, le télétravailleur n’a pas besoin d’être présent sur l’espace de travail aménagé par l’employeur. Cela le dispense également de se plier aux plages horaires routinières auxquelles est soumis, quotidiennement, le travailleur en présentiel.

Dès lors, les dirigeants ont la responsabilité professionnelle de mettre à la disposition de leurs employés tous les moyens adéquats et nécessaires à ce genre d’organisation de travail. Un ordinateur et une connexion internet auraient suffit au télétravailleur pour ce faire. Toutefois, un travail technique et intelligent doit être fait en amont pour connecter les deux espaces de travail : physique et digital.

Ce travail technique consiste à l’utilisation de la pointe de la technologie numérique pour créer un espace collaboratif entre les télétravailleurs et les travailleurs exerçant sur site. La particularité ici réside dans le fait que les deux groupes de travailleurs opèrent de manière identique. On parle alors de « travail phygital », qui s’accorde parfaitement avec la version hybride du travail.

Travailler en mode hybride : quels enjeux pour les managers et leurs collaborateurs ?

Les enjeux autour de l’hybridation du travail sont multiples et multiformes.

L’accès équitable et le partage intelligent des informations

Disposer des informations est une chose, y accéder de façon équitable et pouvoir les partager à qui de droit et en toute liberté en est une autre. Le mode hybride doit permettre de rassembler, de fluidifier et de véhiculer des informations vérifiées, pertinentes et susceptibles de contribuer à la bonne marche d’une organisation hybride. De ce fait, le salarié doit, dans la mesure du possible et au même titre que les autres collaborateurs, accéder et partager ces informations. Cela, peu importe qu’il ait participé ou non à une réunion ou à une prise de décision.

L’organisation communicationnelle

La communication, qu’elle soit orale ou écrite, est indispensable pour une bonne compréhension entre collaborateurs. Aussi faut-il qu’elle soit bien organisée, au risque de compromettre les différents objectifs que s’est fixé l’organisation. Cela est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de travailler en mode hybride. Une partie des équipes étant à distance, échanger fréquemment et de façon spontanée avec elle peut en effet s’avérer un exercice difficile. Un exercice difficile, certes, mais qui vaut la peine d’être réussi. Pour ce faire, la communication orale ne saurait suffire : il faut y adjoindre une culture de l’écrit.

Le défi managérial

Le management d’une organisation en présentiel est une tâche assez difficile. Cette tâche est encore plus difficile lorsqu’il s’agit de manager des équipes hybrides. Cette difficulté s’observe à plusieurs niveaux :

  • L’évaluation des salariés. Le manager doit disposer de certaines compétences, notamment en culture du résultat. Cela lui permettra d’évaluer le salarié non pas sur le temps qu’il aura passé sur une tâche, mais plutôt sur la qualité du travail et le résultat qu’il aura obtenu ;
  • La réalisation du bilan de la situation des collaborateurs. Les salariés doivent avoir le moral au bon fixe pour être efficaces et productifs. Pour cela, ils ont besoin d’être motivés et engagés et c’est de cela que doit s’assurer régulièrement le manager. Le phygital permet ainsi à ce dernier de créer une situation de proximité de sorte à communiquer, avec les collaborateurs, de façon spontanée via des canaux spéciaux : visioconférence, chat…

Le maintien et la consolidation de la cohésion

Travailler en mode hybride peut porter un coup dur à la cohésion entre collaborateurs. À en juger par l’étude de Malakoff Humanis de 2020, 40 % des répondants estiment que la qualité des liens qui les unissent avec leurs collègues s’est dégradée du fait de l’hybridation de leur travail. Dès lors, il va sans dire que la limitation des contacts humains crée un sentiment d’isolement chez le télétravailleur. Cela a pour entre autres conséquences sa démotivation et son manque d’engagement en tant que collaborateur…

Mais comment réduire les effets de la solitude en créant des liens solides entre télétravailleurs, d’une part, et leurs collègues et dirigeants, d’autre part ? Tel est l’un des enjeux majeurs que les managers doivent savamment gérer afin d’asseoir une véritable culture relationnelle au sein de leurs entités.

Modèle hybride du travail : une tendance organisationnelle sans risque informatique ?

La sécurité informatique est le talon d’Achille du travail hybride. Le télétravail implique en effet un partage important d’informations (souvent sensibles), qui transitent via Internet. Or, tout ce qui passe par le Web peut être intercepté par des pirates informatiques. Ainsi, dans le cadre du travail à distance, les collaborateurs doivent en principe aviser leur DSI (Directeur des Services Informatiques).

Malheureusement, dans les faits, plus de 8 collaborateurs sur 10 enfreignent cette règle, selon une étude du Cabinet Frost & Sullivan. Le « shadow IT » (phénomène qui consiste à ignorer le DSI), a été à la base d’un tiers des attaques informatiques recensées en 2020, rapporte Gartner.

Sécuriser le partage d’informations transmises par les collaborateurs permet ainsi de mettre tout un système organisationnel à l’abri de la cybercriminalité. C’est un défi que les DSI doivent relever en sensibilisant les télétravailleurs et les décideurs, mais aussi en mettant à leur disposition les outils adéquats et nécessaires suivant les normes de technologie numérique, informatique.